La carte ci-dessous illustre la localisation des séismes lents (en vert et violet) et la zone de rupture du séisme de 2016 (bleu). Les petits points en orange sont les répliques du séisme de 2016.
- Ecole Primaire de Contes (Académie de Nice)
- Collège des Baous, St Jeannet (Académie de Nice)
- Torquay Girls' Grammar School (Angleterre)
- Lycée Général et Technique, Ducos (Académie de Martinique)
- Maison d'Education de la Légion d'honneur, Saint Denis (Académie de Créteil)
- Escola Secundária de Loulé (Portugal)
- Collège Parmentieri, Montdidier (Académie d'Amiens)
- Collège Suze Angely, Vieux habitants (Académie de Guadeloupe)
- Ifea Émilie du Châtelet, Clichy (Académie de Versailles)
- Ecole Elémentaire Ehrard, St Martin du Var (Académie de Nice)
- Ecole Jean Michenot, Fouras (Académie de Charente-Maritime)
- Ecole de Bendejun (Académie de Nice)
- 3-4 mars : embarquement à bord du navire océanographique l’Atalante des scientifiques et du matériel
- 5 mars : départ de Pointe à Pitre, transit vers Panama
- 10/11 mars : passage du canal du Panama
- 14 mars : début de la campagne d’acquisition
- 14 avril : fin de la campagne d’acquisition, transit vers Panama
- 18 avril : débarquement à Panama des scientifiques
Découvrez des thèmes différents autour de la campagne scientifique:
Embarquez avec nous pour la mission Hiper Équateur !
- naturelles, comme les séismes (tremblements de terre). Nous sommes alors dans le domaine de la sismologie et il faudra une capacité d'écoute de longue durée (plusieurs mois).
- artificielles, comme avec l'utilisation de canons à air depuis le bateau dans le cadre de campagne de sismique réfraction. Les durées d'enregistrement sont alors beacoup plus courtes (ordre de la minute).
Deuxième rendez-vous !
Cette semaine, c'est la réponse d'une élève de 6ème du collège Parmentier de Montdidier qui est mise en avant !
Réponses des établissements à l'énigme 2. Pour en savoir plus, retrouvez notre complément d'enquête !
3e rendez-vous !
Cette semaine, après avoir quitté la zone de Panama nous avons navigué en direction de l’Equateur en passant sur la plaque Nazca. Nous sommes enfin sur les côtes équatoriennes !
Nous avons mis 2 jours pour arriver sur la zone de recherche. Nous pouvons enfin commencer notre étude.
Que se passe-t-il en Équateur ?
L'Équateur est situé dans la ceinture de feu du Pacifique. La ceinture de feu désigne un alignement de volcans bordant l’océan Pacifique.
Ce volcanisme s’explique par la présence de zones de subduction tout autour du Pacifique. C’est aussi dans cette région qu’ont lieu les plus forts séismes au monde.
Au large de l’Équateur, cette forte activité sismique et volcanique est due à la subduction de la plaque Nazca sous la plaque sud-américaine.
Depuis le début du XXième siècle, L’Equateur a connu 5 méga-séismes (séismes de magnitude supérieur à 7.5) :
- 1906, Mw=8,8
- 1942, Mw=7,8
- 1958, Mw=7,7
- 1979, Mw=8.1
- 2016, Mw=7,8
Les séismes de 1906, 1958 et 1979 ont aussi été responsable de tsunamis, qui ont affecté les habitants de la côte.
De nos jours, nous mesurons les mouvements du sol liés au mouvement de plaques tectoniques avec une très grande précision (de l'ordre du millimètre) avec le système GPS, un réseau de satellite. Le GPS a montré que la plaque qui plonge (plaque Nazca) et la plaque supérieure (plaque sud-américaine) ne glisse pas l’une sous l’autre facilement, des frottements se créent. A certains endroits, les plaques coincent et se déforment, accumulant de l’énergie. Il y a une limite de déformation et lorsqu'elle est dépassée, il y a une rupture brutale des roches (d'une durée de quelques secondes) le long d’une faille qui libère l’énergie accumulée : c’est le tremblement de terre.
En Équateur, on observe aussi des mouvements très lents sur cette faille qui crée les méga-séismes. Ce sont des « séismes lents » qui peuvent durer de quelques jours, à quelques mois et même quelques années. Ces séismes lents libèrent de l'énergie comme un séisme normal mais très lentement et il ne produit donc pas de tremblements de terre, ils ne sont pas ressentis par la population.
Pour le moment, les scientifiques ne savent pas pourquoi sur une même faille il y a des méga-séismes destructeurs et « des séismes lents ». On pense que la présence d’eau le long de la faille pourrait être responsable.
Nous allons faire une échographie de la faille pour voir si on y voit de l’eau et si celle-ci est si importante dans la genèse d’un séisme. Pour cela, on utilise des méthodes de géophysiques marines. Comme pour une radiographie où l’on envoie des ondes, par exemple, à travers le bras pour voir où l’os est cassé, nous allons envoyer des ondes grâce à des canons à air à travers la lithosphère et voir sa structure.
Une équipe scientifique en pleine préparation :
Le navire est équipé d’une salle de réunion et d’une salle informatique où les scientifiques peuvent travailler. Nous appelons ce dernier le PC Sciences. Cette salle est équipée d’ordinateurs, d’imprimantes. Des écrans permettent de voir ce qui se passe du côté des manœuvres scientifiques et de connaître toutes les informations relatives au déplacement du navire : sa vitesse, sa position GPS, la température de l’eau, le cap, … et à l’acquisition des données. Cette salle est juste à côté de la passerelle et permet aux scientifiques de communiquer rapidement avec l’officier qui dirige le navire en cas de problèmes.
C’est dans cette salle que la cheffe de mission passe son temps à tout organiser.
Sur l’écran, les scientifiques peuvent voir les données du bateau, sa position, sa vitesse, la latitude etc… en temps réel, ils notent les coordonnées tous les quarts d’heure dans un journal pour avoir une trace écrite de ce qui se passe. Regardez, la température de l’eau est plus élevée que la température de l’air. Dommage que l’on ne puisse pas se baigner.
Toute l’équipe est maintenant en train de planifier la mise à l’eau des instruments. Les scientifiques viennent d’apprendre la création d’une aire marine protégée dans la zone d’étude et doivent modifier leur plan pour la mise à l’eau de certains instruments. Ils doivent aussi discuter avec les sédentaires pour mettre en marche tous les instruments de mesure dont ils auront besoin.
Nos scientifiques en préparation pour la mise en marche des instruments qui permettent d’obtenir la bathymétrie mais nous verrons cela plus en détail dans les prochaines semaines.
Deux niveaux plus bas, nous sommes dans les laboratoires dits humides car ils se situent au niveau de l’eau et permettent d’avoir un accès direct à la mer. C’est dans ces laboratoires que les quatre ingénieurs en charge des sismomètres fond de mer (OBS) travaillent. Ils testent les instruments et les préparent pour leur mise à l’eau.
Qu’est-ce qu’un OBS ?
Les OBS (acronyme de Ocean Bottom Seismometers), les instruments principalement utilisés pendant notre mission, sont des sismomètres fond de mer. Ce sont des instruments marinisés qui se déposent sur le fond des océans et enregistrent des signaux générés soit artificiellement soit naturellement. Ils enregistrent les séismes comme un sismomètre terrestre. Mais ils enregistrent beaucoup plus de choses comme la houle, les bateaux qui passent et même certains mammifères marins.
Ils sont maintenus au fond de la mer par un lest, et peuvent rester plusieurs jours au fond.
Vous n’entendez pas bien dans notre vidéo ? Imaginez-vous un peu le bruit a bord.
Zut ! Un problème sur un OBS. Pas de souci, Pascal est là pour le réparer. Il a ouvert l’instrument et cherche l’origine de la panne. On en a profité pour voir à quoi cela ressemble à l’intérieur. Tous les scientifiques sont aussi venus voir.
Pascal, Ingénieur en électronique et informatique nous montre l’intérieur d’un OBS. Cet OBS ayant eu un problème technique il a dû l’ouvrir pour le réparer. Sur cette photo, il donne des explications à Michele qui est chercheur de Imperial College à Londres.
Durant 2 jours et 2 nuits, 40 OBS ont été déployé sur la zone d’étude, représenté par une grille, c’est pour cela que vous voyez l’Atalante zigzaguer au large de l’Équateur.
Cartes de la région avec la géométrie de la campagne, les points jaunes représentent les zones où nous avons déposé des OBS. Les plus profonds sont à 3750 mètres de profondeur. Un OBS peut aller jusqu’à 6000 m.
Maintenant, pendant une durée de 12 jours, des canons à air vont envoyer des ondes acoustiques, qui après s’être propagées dans la lithosphère seront enregistrées par les OBS. Nous verrons cela en détail la semaine prochaine !
Bravo aux élèves de ces deux établissements pour leurs réponses intéressantes et originales !
- La Maison d'Education de la Légion d'honneur de Saint-Denis
- Le Collège Suze Angely de Guadeloupe
Et voici ci-dessous un complément à l'énigme 3 pour en savoir plus sur le travail avec les OBS:
D'après l'IFREMER: la sismique réfraction.
4e rendez-vous !
La semaine dernière nous vous avons expliqué que nous avons disposé des OBS dans la mer, cependant ce n’est pas le seul endroit où nous avons déployé des sismomètres.
Que se passe-t-il à terre ?Sur la côte des collègues équatoriens et allemands ont aussi installés des stations sismologiques pour enregistrer les ondes créées par l’Atalante. Ils en ont installé une centaine.
Un autre groupe de collègues équatoriens et américains a installé 500 mini-sismomètres. Ils sont petits et rapides à installer.
L'installation des canons:Cette semaine, après avoir mis tous les OBS à l’eau, les sédentaires et les marins ont procédé à l’installation de canons qui vont permettre de créer des ondes pour imager la lithosphère sous les océans. Lorsque les canons envoient des ondes dans l’eau, on dit qu’ils tirent. En fait, ils envoient une bulle d’air sous pression qui en explosant créée une onde qui va ensuite se propager dans toutes les directions. Tous les canons ne tirent pas en même temps, quelques millisecondes de décalage pour leur déclenchement permettent de créer des ondes plus puissantes. Ils sont au nombre de 16, répartis sur deux bandes flottantes, accrochées à l’arrière du Navire.
Salomé est allée au plus près de l’action, filmer les manœuvres des marins et des sédentaires pour la mise à l’eau des canons. Elle a dû s’habiller comme les marins : chaussures de sécurité, casques, et gilet de sauvetage. Mais Salomé, tu as oublié le casque anti-bruit ! Car des compresseurs à l’arrière du navire permettent d’envoyer l’air dans les canons et ils sont très bruyant.
Le PAM a été installé en même temps que les canons ;
Le PAM (Passive Acoustic Monitoring (PAM) Operators) est une machine qui permet aux MMO de vérifier s’il n’y a pas de mammifères marins à proximité des tirs. C’est un système d’écoute placé dans l’eau qui retransmet au moniteurs les sons rencontrés.
Il y a des zones d’exclusion pour certaines espèces, c’est-à-dire si une espèce se trouve à une certaine distance du bateau, pour ne pas la déranger nous devons arrêter les tirs des canons.
Par exemple si une tortue se trouve à moins de 100 m du bateau ou encore une baleine à moins de 500 m.
Nous vous invitons à consulter notre onglet « mammifères marins » pour en savoir plus sur le travail des MMO ainsi que sur les mammifères que nous avons déjà rencontrés au cours de notre périple !
Alors que nos scientifiques se réunissent pour converser au sujet d’un article scientifique, tout ne se passe pas comme prévu du côté des canons. Les marins prennent le zodiac, c’est un petit bateau pour les opérations courtes et urgentes, pour aller démêler une ligne de canons et le PAM.
Les données de l’heure et la position des tirs sont transmises aux sédentaires. Depuis leur bureau, ils dirigent et contrôlent les canons grâce aux données affichées sur leurs écrans.
Comment imageons-nous la lithosphère ?
Les canons à air permettent d’envoyer des ondes dans l’eau, puis dans les différentes couches de roches qui forment la croûte et le manteau supérieure (lignes jaunes). Ces ondes sont réfractées ou réfléchies dans les différentes couches (lignes blanches en pointillés et sont enregistrés par les sismomètres fond de mer (triangle noir). Le temps que mettent ces ondes pour se propager, nous donne des indications sur la forme et la nature des couches. Par exemple, la présence d’eau dans la lithosphère ralentit fortement la propagation de ces ondes. C’est comme cela qu’on espère identifier la présence d’eau sur la faille et essayer de déterminer son rôle lors d’un séisme.
Les canons envoient des ondes tous les 150 mètres, cette distance est calculée pour que les ondes s’étant propagées le plus profondément arrivent à l’OBS avant le tir suivant.
La semaine dernière nous vous avons dit que nous acquérons d’autres données avec le navire et notamment la bathymétrie.
Comment imageons-nous le sol sous les océans ?L’Atalante est équipée de deux sondeurs dits multifaisceaux. Ces instruments sont placés, à l’avant, sous la coque du navire sur ce qu’on appelle la gondole.
Plusieurs signaux acoustiques sont envoyés dans un faisceau perpendiculaire au navire (voir image ci-dessous). Ces signaux sont réfléchis par le fond marin et reviennent vers le navire. Le temps qu’ils mettent à faire le trajet est enregistré par le navire.
En connaissant la vitesse de ces signaux acoustiques dans l’eau, nous connaissons la profondeur d’eau et donc la bathymétrie (topographie du fond des océans).
La vitesse de propagation des ondes dans l’eau dépend de la température et de la salinité (quantité de sel dans l’eau). Pour connaître la vitesse des ondes dans l’eau, on envoie régulièrement des sondes qui mesurent la température de l’eau jusqu’à environ 2000 m de profondeur. Ensuite une base de données mondiale permet d’estimer la température à plus grande profondeur, la salinité et ensuite d’estimer la vitesse.
La vitesse de propagation des ondes varie beaucoup dans les premiers 1000 mètres de profondeur mais en moyenne, nous considérons qu’elle est de 1500 m/s.
Grâce à ces sondeurs, nous avons imagé des volcans sous-marins. Vous vous souvenez, ceux qui sont sur la plaque Nazca, à l’ouest de notre réseau de sismomètres fond de mer. Ceux-ci ne sont pas actifs, ils se sont formés il y a plusieurs millions d’années.
Alors que les scientifiques travaillent, de drôles d’interférences viennent troubler l’écran du bateau !
C’est un groupe de frégates, volatiles marins qui décident de nous accompagner dans notre mission.
Maintenant que les canons sont à l’eau, ils vont envoyer des ondes acoustiques sur les OBS pendant 12 jours avant de les remonter pour en extraire les données, ce dont nous parlerons la semaine prochaine.
Encore bravo aux élèves pour leurs réponses bien complètes pour l'énigme 4 !
Rendez-vous sans plus attendre pour l'énigme 5 !
5e rendez-vous !
Cette semaine, lorsque les canons à air ont terminé de tirer, nous avons commencé à récupérer les OBS que nous avions disposés dans la mer. Cela nous aura pris en tout 2 jours pour récupérer les 45 OBS que nous avions mis à l’eau 12 jours plus tôt.
Mais comment remontent-ils alors qu’ils sont attachés à un lest ?Pour les faire remonter à la surface, on envoie un signal sonore codé de haute fréquence (aigu comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo) dans l’eau. Lorsque l’OBS le reçoit et reconnaît le code, il va se décrocher de son lest pour revenir à la surface, où il est alors repêché par les marins de l’Atalante.
Les lests sont laissés dans l’eau, mais pas de panique ! Ils sont en fer, ils vont donc se dégrader naturellement.
Un séisme ! Vite allons l’étudier.
Le 26 mars à 23h30 (heure locale), un séisme de magnitude 5.8 a eu lieu au large d’Esmeraldas. Plusieurs maisons ont été détruites à Esmeraldas et le séisme a été ressenti jusqu’à Guayaquil.
Nous venions juste de terminer les tirs des canons à air sur la grille 3D des OBS au sud et nous avons décidé de vite retourner au nord pour ajouter 3 OBS qui permettront d’enregistrer les répliques (séismes qui arrivent après un fort séisme et qui ont une magnitude plus faible que celle du séisme principal). Nous avons aussi laissé à l’eau 3 OBS de notre grille 3D. Moins de 24h après le séisme, nous avons en place un réseau de sismomètres à terre et en mer pour étudier ce séisme qui a eu lieu sur la faille de subduction à 25 km de profondeur. Nous reprendrons ces OBS à la fin de notre étude, en partant. Une occasion unique de regarder comment se comporte la sismicité après un séisme.
Le séisme principal a été enregistré par tous les OBS qui étaient au fond de l’eau à ce moment.
Comme nous vous l’avions montré la semaine dernière, notre périple ne se limite pas à l’acquisition de données des OBS et nous acquérons en permanence des données bathymétriques.
Grâce à ces données, nous avons aussi vu sortir des fluides du fond de l’océan. Ces fluides qui s’échappent ont une température élevée et brouillent notre faisceau bathymétrique. On voit comme des panaches sur l’image du faisceau bathymétrique.
Nous qui cherchons à déterminer le rôle de l’eau, nous étions excités à la vue de ces sorties de fluides sachant que ceux-ci pourraient venir de la faille de subduction en profondeur. Malheureusement, il faudra attendre la prochaine mission pour savoir d’où viennent ces fluides et si c’est vraiment de l’eau.
La gravité : elle te donne du poidsA bord de l’Atalante, il y a aussi un gravimètre, c’est un instrument qui permet de mesurer l’intensité de la pesanteur d’un endroit. Il est placé au centre du bateau à l’endroit qui est le plus près du niveau de l’eau. Il est placé sur un cardan, dispositif qui permet à l’appareil de ne pas bouger malgré les mouvements du navire.
Saviez-vous que votre poids est plus important aux pôles qu'à l'équateur ? Avant de comprendre pourquoi, nous devons comprendre ce qu'est le "poids".
Le poids est ce que vous mesurez lorsque vous montez sur une balance. La balance à la maison mesure la force de votre corps qui pousse le sol.
D'où vient cette force ? Vous avez peut-être déjà entendu parler de la force de gravité. Deux objets quelconques sont attirés l'un vers l'autre. Plus l'objet est gros, plus l'attraction est forte. La Terre est très grande, elle crée donc une force très forte qui vous attire vers le centre de la Terre. C'est la force de gravité.
Ton poids est égal à ta masse multipliée par une quantité g, qui dépend de la masse de la Terre et de la distance qui te sépare du centre de la Terre. Si tu pouvais aller sur une autre planète, g aurait une valeur différente. Par exemple, g est plus petit sur la Lune. C'est pourquoi les astronautes sur la Lune ont l'air d’être léger en marchant.
Revenons donc à notre question. Pourquoi votre poids est-il plus important aux pôles ? C'est parce que g est plus grand. La Terre n'est pas une sphère parfaite. Elle a plutôt la forme d'une boule qui a été un peu écrasée aux pôles. Les pôles sont plus proches du centre de la Terre que l'équateur. Souviens-toi que g dépend de la proximité du centre de la Terre. Aux pôles, tu es un peu plus près et g est plus grand. À l'équateur, vous êtes un peu plus loin et g est plus petit.
De combien votre poids change-t-il ? La différence est très faible. Mon poids à l'équateur est de 80 kg. Aux pôles, je pèserais 80,3 kg, soit 300 g de plus qu'à l'équateur.
Il existe d'autres petites variations de g à la surface de la Terre qui dépendent de la répartition des roches sous nos pieds. Si nous nous trouvons dans un endroit où les roches sont très denses, g sera plus grand, car les roches nous tireront un peu plus vers le bas. Dans les océans, la gravité est un peu plus faible car l'eau est plus légère (moins dense) que les roches et nous attire donc moins fortement.
Nous pouvons utiliser ce fait pour explorer la Terre et déterminer la densité des roches sous l'océan. Au cours de notre expédition, nous mesurons l'accélération de la pesanteur g toutes les deux secondes en traversant la zone d'étude. Nous établissons une carte détaillée de la variation de g.
Les différences sont très faibles, et nos mesures doivent donc être très précises. Voici la carte que nous avons produite. Elle montre des variations qui sont liées à la densité des roches dans cette zone.
Les monts sous-marins (volcans sous-marins éteints) sur cette carte, ont une densité élevée et la gravité est donc un peu plus forte lorsque nous passons au-dessus d'eux. Nous utiliserons la carte de gravité et certaines des autres données que nous collectons pour notamment étudier ces monts sous-marins, dont certains sont déjà entrés en subduction.
Une petite pause bien méritée :Lors de nos pauses, il est fréquent d’aller observer la mer sur la passerelle, ce lieu nous donne une vue inébranlable sur l’horizon, nous avons parfois la chance d’apercevoir le magnifique spectacle de la nature.
6e rendez-vous !
La semaine passée, nous avons donc collecté les OBS de la grille 3D. Cette semaine, nous avons commencé à traiter ces données pour imager la lithosphère grâce à la sismique réfraction.
Mais qu’est-ce donc, la sismique réfraction ?Vous avez tous vu un arc-en-ciel. On peut voir toutes ses couleurs car la lumière blanche est constituée de la somme des couleurs de l’arc-en-ciel. Lorsqu’il pleut, elle passe à travers les gouttelettes d’eau qui joue le rôle de prisme.
Une partie de la lumière en arrivant sur la face d’un prisme va entrer en étant déviée et en sortir en étant encore déviée. On dit que la lumière est réfractée. Les couleurs ne sont pas toutes déviées du même angle et on peut ainsi toutes les voir à la sortie du prisme.
Une autre partie de la lumière ne va pas réussir à passer dans le prisme, elle va être réfléchie.
Il se passe la même chose pour les ondes qui se propagent dans l’écorce terrestre.
Les explosions créées par les canons à air se propagent à travers la Terre sous forme d’ondes sismiques. Comme pour les ondes lumineuses, les ondes sismiques ont du mal à passer d’un milieu à un autre, c’est pourquoi elles se réfléchissent mais partiellement et une autre partie arrive à passer. Les ondes ont également des vitesses différentes dans différents milieux car chaque milieu a ses propres caractéristiques. Des vitesses différentes dans différentes couches rocheuses donnent lieu à des effets de réfraction qui permettent aux ondes de voyager à travers la Terre depuis nos canons à air jusqu’aux OBS.
À l'aide des principes de base de la physique et de la géométrie, les scientifiques, grâce aux données des OBS, calculent la vitesse des ondes sismiques dans les couches rocheuses, puis utilisent ces informations pour déterminer la profondeur des limites entre les couches et estimer le type de roche qui compose chaque couche, ainsi que son contenu en eau.
Mais alors que voit-on sur un OBS ?On voit des ondes sismiques arriver comme des vagues successives sur la plage. C’est en réalité une image très complexe que seuls les spécialistes de ce genre de données comprennent facilement.
Et après qu’avons-nous fait ?Nous avons continué notre exploration de la lithosphère en déployant les 40 OBS tous les 2 km le long d’une ligne.
La grille d’OBS permet d’avoir une image générale dans une boite de 120 km par 40 km, le déploiement le long d’une ligne permet d’avoir une image plus précise le long de cette ligne. Pour comparer, le déploiement des OBS en grille peut être associée à une sorte de loupe et leur déploiement en ligne à un microscope. Nous avons déployé et récupéré les OBS deux fois. La première ligne a été disposée pour étudier plus précisément la zone où se situent les monts sous-marins et la deuxième, perpendiculaire à la première, pour étudier plus en profondeur la faille de subduction.
En trois jours, nous avons déposé, tiré et récupéré les OBS de la première ligne. Il nous aura fallu seulement 8h pour déposer les 40 OBS. Record battu !!!
Après avoir déployé et tiré sur les OBS de la deuxième ligne, les scientifiques ont décidé d’attendre 2 jours avant de les récupérer. Ces OBS et les stations à terre vont permettre d’enregistrer les séismes de la faille de subduction.
Pendant ce temps, nous avons donc décidé d’acquérir des informations sur les sédiments qui se trouvent au fond des océans.
La plupart des fonds marins des mers et des océans sont recouverts de sédiments, qui se sont lentement déposés au cours de milliers et de millions d'années, formant des couches consécutives qui peuvent avoir plusieurs kilomètres d'épaisseur.
Les sédiments sont constitués de particules rocheuses, de cendres volcaniques et de matériaux très fins appelés « argiles ».
Ce sont des continents et des îles que viennent ces sédiments. Ils fournissent les matériaux qui se déposent au fond des mers et des océans par le biais de trois processus successifs : l’érosion, le transport et la sédimentation.
L’érosion est l'altération et la désintégration des roches et l’usure des sols meubles. Le processus d'érosion est causé par des forces naturelles telles que la pluie, le vent, les glaciers, les rivières, les fleuves et l’action des vagues. Les activités humaines telles que l'agriculture, la déforestation, la construction peuvent accélérer considérablement les processus d'érosion. Notre mode de vie et le réchauffement climatique ont un impact sur l’érosion des continents en l’augmentant ou en le diminuant selon les endroits.
Le transportL’érosion crée des particules solides de différentes tailles pouvant aller du rocher à des particules très fines de taille microscopique. Ces particules sont susceptibles d'être transportées d'un endroit à l'autre par le vent et les courants d'eau. Parmi les moyens de transport, l'eau est probablement le plus important et permet aux particules de parcourir les plus grandes distances en plus grande quantité. Ainsi, lorsque les particules atteignent un cours d'eau, ce dernier transporte les sédiments sur des centaines voire des milliers de kilomètres jusqu'aux mers et aux océans.
On peut parfois observer que les rivières et les fleuves, en particulier ceux dont le débit est élevé ou après un orage à terre, ont une couleur brunâtre. Cette coloration est due à la grande quantité de petites particules en suspension dans l'eau. Lorsque ces rivières viennent rejoindre la mer, leurs eaux ne se mélangent pas immédiatement, si bien que la coloration est visible sur des centaines de kilomètres en mer. C'est exactement ce que nous avons observé lorsque nous sommes passés près de l'embouchure de la rivière Esmeraldas dans l'océan Pacifique.
Une fois que les sédiments atteignent la mer, ils coulent jusqu'à ce qu'ils soient déposés sur le fond marin. Les premières particules à tomber sont les particules les plus grosses et les plus lourdes, les plus petites (particules microscopiques) peuvent rester en suspension dans l'eau, parcourir de longues distances et se déposer loin au large. Lorsque les sédiments atteignent les fonds marins, ils forment des couches d'épaisseur variable, en fonction de la quantité de particules qui entrent dans la mer. Ainsi, lorsqu'il y a des périodes de fortes pluies sur le continent, la quantité de sédiments transportés par les fleuves est plus importante. Ainsi, près des côtes, où les rivières se jettent dans la mer, davantage de sédiments sont déposés et les couches y sont plus épaisses.
Et ensuite, à quoi cela nous sert lors de notre campagne ?Lorsque la plaque océanique Nazca plonge sous la plaque continentale Amérique du Sud, cela ne se fait pas facilement. Il y a des fortes contraintes qui s’appliquent sur les plaques qui les font se déformer. Il arrive que des plis se forment (lors des mouvements lents, les roches peuvent se comporter comme de la pâte à modeler) ou les plaques se brisent formant des failles (si les roches sont plus rigides). Les sédiments qui forment les couches du fond marin seront également déformés par les forces qui affectent la croûte, de sorte que nous pouvons reconnaître grâce à eux la quantité et le type de déformation qui a eu lieu au cours de milliers et de millions d'années.
A bord, nous utilisons un sondeur de sédiment appelés le Chirp pour voir ces sédiments.
Le ChirpLe Chirp est un échosondeur vertical, qui émet des ondes pouvant pénétrer à un peu plus de 100 m de profondeur dans les sédiments fins, et permet de voir des détails de moins d'un mètre. Cette technique permet de détecter les différentes couches de sédiments et est très utile pour visualiser les processus de dépôt des sédiments et leur déformation.
Nous avons passé deux jours entiers à entendre les bruits répétitifs du Chirp dans tout le bateau :
Un poisson du nom de Mahi- Mahi
Il arrive malheureusement que parfois nous ne voyons pas les filets de pêches et les palangres à temps, et malheureusement nous passons au travers.
C’est comme cela que cette semaine, nous avons libéré des Mahi-Mahi coincés dedans, ce poisson aux superbes couleurs !